La première chose à préciser lorsqu’on aborde les principes de conception, c’est qu’il en existent plusieurs versions ! La permaculture est une méthode de design récente et plusieurs approches coexistent et apportent des visions différentes.

Les deux visions des principes de la permaculture les plus connues sont celles de Bill Mollison et David Holmgren, fondateurs de la permaculture. C’est celles-ci que nous allons rapidement exposer ici. Elles feront l’objet d’une analyse plus spécifique dans des dossiers séparément. 

Pourquoi des principes ?

L’objectif de la permaculture est de proposer une méthode de conception pour un créer des habitats humains durables (pour approfondir ce sujet, vous pouvez consulter notre article “Qu’est-ce que la permaculture ?”). Pour y parvenir, elle fournit une boîte à outils universelle qui permet d’orienter notre réflexion. 

Chaque principe peut être envisagé comme une direction de la pensée systémique (i. e. qui s’intéresse à un système complexe dans sa globalité) à explorer. Chacun offre une perspective différente, qui peut être interprétée à plusieurs niveaux de profondeur et de mise en oeuvre. Il n’est pas nécessaire de toujours prendre en compte tous les principes : pour un projet donné, utilisez-les pour vous questionner sur ce qui pourrait être fait afin de les prendre en compte.

1. Emplacement relatif : soigner les emplacements (des plantes, des bâtiments…) et les interactions qu’ils engendrent.

2. Chaque élément doit remplir plusieurs fonctions.

3. Chaque fonction doit être remplie par plusieurs éléments. Ces deux principes sont la clé de la résilience.

4. Efficacité énergétique : bien structurer un système en zones et secteurs pour être plus efficace (la fameuse notion de « zonage » en permaculture).

5. Recours aux ressources biologiques (i. e. issues du vivant : outils de labour à traction animale, insectes auxiliaires pour les ravageurs…).

6. Cycles d’énergie : bien analyser les cycles d’énergie du système pour le rendre le plus efficace possible (réutilisation et stockage de l’eau, de la chaleur…).

7. Petits systèmes intensifs : des systèmes de faible échelle sont plus faciles à gérer dans leur intégralité.

8. Accélérer la succession et l’évolution : agir sur le système pour qu’il évolue plus rapidement vers un état de climax durable.

9. Diversité : maximiser le nombre d’éléments différents et surtout leurs interactions.

10. Effets de bords : les frontières (entre une forêt et une prairie, ou entre la terre et la mer par exemple) sont le siège des phénomènes les plus intéressants.

11. L’attitude du permaculteur :
    • Le problème est la solution ;
    • La seule limite est celle de notre imagination ;
    • Travailler avec la nature et pas contre elle ;
    • Tout être vivant jardine : il façonne son habitat et interagit avec lui pour prospérer.

1. Observer et interagir : en prenant le temps de s’impliquer avec la nature, il est possible de concevoir des solutions adaptées à chaque situation.

2. Collecter et stocker l’énergie : en développant des systèmes qui collectent les ressources pendant les périodes d’abondance, nous pouvons en profiter pendant les pénuries.

3. Créer une production : il faut chercher à obtenir des résultats vraiment utiles à chaque étape du travail entrepris.

4. Appliquer l’auto-régulation et accepter la rétroaction : en dissuadant les activités néfastes, on assure que les systèmes pourront continuer de fonctionner correctement.

5. Utiliser et valoriser les services et les ressources renouvelables : en utilisant au mieux l’abondance des ressources naturelles, on peut atténuer notre comportement de consommation et notre dépendance vis-à-vis des ressources non-renouvelables.

6. Ne pas produire de déchets : en utilisant et en valorisant toutes les ressources disponibles, rien n’est jamais jeté.

7. Partir des structures d’ensemble pour arriver aux détails : en prenant du recul, on peut observer des structures dans la nature et dans la société. Ces structures formeront l’ossature de notre conception, que nous remplirons au fur et à mesure avec les détails.

8. Intégrer plutôt que séparer : en disposant les bons éléments aux bons emplacements, des relations se mettent en place entre les éléments, lesquels peuvent alors se renforcer mutuellement.

9. Utiliser des solutions à de petites échelles et avec patience : en favorisant des systèmes lents et à petite échelle, on réduit l’effort d’entretien, on utilise mieux les ressources locales et on obtient des résultats plus durables.

10. Utiliser et valoriser la diversité : en encourageant la diversité, on est moins vulnérable vis-à-vis de nombreuses menaces et on met à profit la nature unique de l’environnement du lieu.

11. Utiliser les interfaces et valoriser les éléments en bordure : c’est aux interfaces que se produisent les phénomènes les plus intéressants, qui sont souvent les plus enrichissants, les plus diversifiés et les plus productifs dans un système.

12. Utiliser le changement et y réagir de manière créative : en observant attentivement et en intervenant au bon moment, on peut avoir une influence bénéfique sur les changements inévitables.

Vous trouverez souvent ces principes sous la formes des 12 icônes réalisés par le graphiste et permaculteur Richard Telford.

Si ces principes sont là pour vous donner des pistes à explorer et des idées d’inspirations, c’est maintenant à vous de passer à l’action et de les appliquer ! Pour vous aider, nous aborderons tous ces principes plus en détail dans des articles et des dossiers afin de vous aider à comprendre comment utiliser chacun d’entre eux.