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Comprendre la permaculture

2.Collecter et Stocker l’énergie

Principe n°2 : Collecter et Stocker l’énergie

Faites les foins tant qu’il fait beau

par Ovega

Nous bénéficions actuellement d’une grande quantité d’énergie utilisable grâce à l’exploitation des ressources fossiles (pétrole, charbon…). Deux choix s’offrent alors à nous : dépenser cette énergie au gré de nos désirs de court-terme ou l’utiliser dans le but de construire quelque chose de durable dans le long terme.

La permaculture, vous vous en doutez, opte pour la deuxième option. Cette formidable puissance de création que nous offrent les énergies fossiles peut et doit nous permettre de construire des systèmes qui sont capables de s’en passer ensuite pour durer dans le temps. Comme un système ne peut pas fonctionner sans que de l’énergie y circule, il faut être capable de collecter l’énergie produite en excès et de la stocker afin de pouvoir la réutiliser lorsque le système en a besoin. De cette manière, une fois construit, le système peut évoluer en quasi-autonomie sans avoir besoin d’énergie fossile.

Ce principe de collecte et de stockage de l’énergie et des ressources peut se décomposer en 5 idées :

  • Optimiser le système pour limiter les dépenses d’énergie inutiles ;
  • Collecter l’énergie au plus près de sa source d’émission afin de réduire les pertes inhérentes au processus de collecte ;
  • Diversifier les sources pour être résilient en cas de pénurie ;
  • Stocker efficacement et avec des moyens adaptés pour réduire les pertes ;
  • Être créatifs pour trouver des sources d’énergies et les collecter : si l’énergie circule dans tout le système, il devrait être possible de la récupérer à n’importe quelle étape et sur n’importe quel élément.

Les termes d’énergie et de ressources sont à prendre au sens large. Elles varient en fonction du système que vous voulez créer. Pour un potager on envisagera la terre, le compost, les nutriments, l’eau ou encore les semences. Pour la boutique d’un artisan, il s’agira de son savoir-faire, ses matières premières, son énergie et celle de ses employés éventuels, sa trésorerie, etc. Avant de concevoir votre méthode de gestion de l’énergie et des ressources, faites une cartographie de celles dont vous aurez besoin dans votre système.

L’une des expressions de ce principe est qu’il est légitime d’employer des solutions peu coûteuses basées sur les énergies fossiles dans l’objectif de reconstruire un capital naturel pérenne. De même, la permaculture ne renie pas la technologie et l’innovation, elle veut cependant y apporter un esprit critique dans la mesure ou la technologie, présentée en tant que solution à un problème, peut être un « Cheval de Troie » contenant un nouveau lot de problèmes. Tout en restant attentifs aux choix technologiques que nous faisons, il faut exploiter notre capacité d’innovation moderne, alimentée par les énergies fossiles, afin de préparer une descente énergétique.

L’énergie du soleil stockée en bouteille : en attendant qu’un tel exploit soit possible, ce logo nous invite à tenter d’innover dans nos méthodes de stockage.

Quelques exemples

Au jardin

Pour démarrer un jardin potager, il faut préparer le terrain et acheter des graines. Il faut donc aller chercher ce matériel avec un véhicule qui fonctionne avec de l’énergie fossile, ce matériel étant lui-même certainement produit grâce à cette énergie. Bref, vous consommez de l’énergie non-renouvelable.

Mais si vous gérez bien ce potager, en choisissant des graines reproductibles, en semant ce qu’il faut, où il faut et quand il faut pour que le sol reste riche et adapté à vos cultures, alors vous n’avez plus (ou en tous cas moins) besoin de travailler le sol. Vous n’avez donc plus besoin de prendre votre véhicule pour que ce potager perdure puisque vous avez déjà vos graines. Le système devient ainsi autonome. Pour cela, vous avez eu besoin de collecter et de stocker les graines lorsque vous aviez un excès de production pour les semer au moment adéquat afin de recommencer un cycle de production.

Appliquons les 5 grandes idées :

  • Optimiser le système se traduit par le fait de créer un potager adapté à vos besoins.
  • La collecte près des sources d’émission se réfère à la collecte des graines directement dans le potager (et pas dans le magasin situé à 10 km).
  • La diversité des sources trouve un écho dans la diversité des plantes du potager. Si des doryphores ont ravagé vos pommes de terre, vous pourrez toujours consommer des choux.
  • Pour le stockage efficace, il faut prendre en compte le fait que pour être semées, les graines ont besoin d’être conservées dans de bonnes conditions, dans un lieu adapté. Généralement, des boîtes entreposées dans un lieu sombre, sec et sans grande variation de température est idéal. Ensuite il faut également penser le stockage des aliments : la lacto-fermentation par exemple est une technique culinaire permettant de stocker des aliments sans consommer d’énergie !
Dans la conception d’un logement

Lorsque l’on construit ou qu’on rénove un logement, la question de l’énergie se pose rapidement. Que ce soit pour le chauffage, la cuisine ou le matériel électroménager, choisir quelles sources d’énergies sont adaptées tout en essayant de réduire l’impact carbone de l’installation n’est pas chose aisée. Pour vous aider, vous pouvez utiliser ce principe de conception.

La première étape consiste à lister les points d’entrée potentiels de l’énergie dans votre habitat et les éléments qui l’utilisent. Il y a bien sûr l’électricité via le raccordement au réseau mais la géothermie ou l’énergie solaire sont aussi des sources d’énergie disponibles, il suffit d’équiper votre installation pour qu’elle puisse les utiliser.

Une fois cette liste effectuée, vous pouvez optimiser les flux d’énergie : la géothermie peut servir pour votre chauffage en maintenant le circuit d’eau à 15°C toute l’année, l’électricité ne servant qu’à gagner les quelques degrés manquant pour une température idéale. L’énergie solaire peut également permettre de chauffer le ballon d’eau chaude.

La collecte de l’énergie intervient, par exemple, lors de la collecte de la chaleur de la terre dans le cas de la géothermie en utilisant un circuit d’eau qui passe dans la terre avant de venir dans votre habitat.

La diversité des sources d’énergie parait assez évidente dans la mesure où l’électricité n’est pas la seule source d’énergie présente. Notons qu’en cas de coupure de courant après une tempête par exemple, utiliser des sources d’énergie directement collectées autour de votre habitat permet de conserver un minimum de flux (en l’occurence le chauffage).

Le stockage de l’énergie peut s’envisager sur plusieurs postes : ballon d’eau chaude, isolation thermique afin d’éviter les pertes, récupération du bois mort pour le chauffage au bois, etc.

Enfin, soyez créatifs pour trouver comment tirer parti des sources d’énergie à votre disposition comme le vent ou le soleil. Étendre son linge dehors au lieu de le mettre au sèche-linge est un exemple de bon sens qui permet pourtant d’économiser 350 KWh par an (selon l’ADEME, dans un rapport publié en 2017), soit 50 € environ avec le tarif de l’énergie français en septembre 2020.

L’application de ce principe lors de la conception d’un habitat permet de ne pas partir bille en tête vers le tout électrique via le réseau général et de trouver d’autres sources d’énergie accessibles qui réduiront la facture énergétique et rendront l’habitat plus résilient.