Principe de conception #1 Observer et interagir
La beauté est dans les yeux de celui qui regarde
par Ovega
Cette série d’articles étudie plus en détail les 12 principes de la permaculture selon David Holmgren.
La permaculture permet de concevoir des systèmes qui influencent la nature sans la combattre, qui s’appuient sur elle sans chercher à la dominer. Tout l’intérêt et la difficulté de la conception de systèmes permaculturels résident dans cet astucieux équilibre qu’il faut trouver.
Pour le trouver, la première étape est déjà de comprendre en profondeur l’environnement dans lequel doit s’inscrire le système. Cette étape s’articule autour de deux points clés : l’observation de la nature et l’interaction avec elle. L’observation permet de comprendre comment fonctionne globalement l’environnement et l’interaction permet d’aller plus loin en déterminant les mécanismes sous-jacents qui régissent le milieu.
3 échelles d’observation
L’observation a lieu sur plusieurs niveaux et à différentes échelles de temps. À chaque échelle, il convient de se poser des questions adaptées à ses objectifs.
Les éléments généraux et environnants. L’objectif est de comprendre le contexte dans lequel s’inscrit le système, son environnement. Si vous lancez un potager, analysez votre climat, l’ensoleillement, l’activité agricole environnante. Si vous lancez un commerce, interrogez-vous sur le tissu socio-économique local, les autres commerces déjà existants autour de vous. Cette échelle vous permettra d’avoir une vision d’ensemble du milieu dans lequel vous allez créer votre système.
Viennent ensuite les éléments spécifiques au système. Pour un jardin, on y trouvera les types de sol, l’intensité et les couloirs du vent, ou encore les zones d’ombrage et les points d’eau. C’est la deuxième échelle : elle se concentre sur le système pour en obtenir les caractéristiques générales.
Enfin, il est nécessaire d’observer les détails du système et de son environnement, comme les plantes qui poussent naturellement sur votre terrain (qui serviront de plantes bio-indicatrices), la faune qui s’installe naturellement, l’évolution de la pluviométrie au cours de mois, etc. À ce niveau, toute information est bonne à prendre car c’est en interagissant avec ces éléments que vous comprendrez quelles fonctions ils remplissent et comment ils la remplissent. Une observation attentive est nécessaire afin de détecter des systèmes naturels qui pourront vous inspirer :
« Certains systèmes réellement efficaces fonctionnent si bien qu’on ne les remarque pas. C’est le cas des services environnementaux gratuits, comme la purification de l’air et de l’eau, la réhabilitation des sols et de toutes les solutions conceptuelles efficaces qui passent inaperçues jusqu’à ce qu’elles ne fonctionnent plus faute d’avoir été correctement utilisées.«
David Holmgren
Fort de ces connaissances, vous pourrez alors concevoir votre système en ajoutant des éléments qui rempliront de nouvelles fonctions, en modifiant certains éléments pour qu’ils soient plus efficaces et en laissant ceux qu’il ne faut pas toucher afin de préserver la stabilité globale.

Quelques exemples
Au jardin
Imaginons que vous souhaitiez commencer un potager pour avoir quelques légumes à récolter pendant l’été.
Dans un premier temps, vous pouvez identifier le climat de votre région afin de savoir globalement quels types de plantes vont s’y épanouir. Par exemple, si vous êtes en montagne, peut être que les tomates auront du mal à pousser si elles ne sont pas protégées du froid pendant la nuit. De la même manière, il peut être intéressant de savoir si d’autres personnes autour de vous ont un potager pour vous aider à choisir les espèces de plantes adaptées à votre environnement. Cherchez également des artisans semainiers pour trouver des semences paysannes et locales.
Ensuite, vous pouvez identifier les différentes zones de votre terrain : celles où il y a de l’ombre, celles ou il y a du vent, les zones un peu surélevées, le type de sol associé… autant d’éléments qui vous permettront de choisir où planter vos différents légumes. Certains apprécient l’ombre, d’autres ne poussent que dans un sol riche et humifère, et quelques uns ont besoin d’un sol sec afin de ne pas pourrir (les oignons pour ne citer qu’eux).
Enfin, observez dans le détail votre jardin et votre environnement. Si des pucerons sont présents dans vos rosiers, il sera pertinent de choisir des plantes qui n’y sont pas sensibles dans un premier temps. Si vous voyez quelques abeilles n’hésitez pas à semer quelques plantes mellifères, elles seront ravies et vous assurerez la pollinisation de vos légumes. Les plantes bio-indicatrices peuvent être d’une grande utilité à ce stade : observez quelles sont les plantes qui poussent naturellement et sans intervention sur votre sol, elles vous donneront des informations sur le sol ! (Un article sera publié dans la section « Potager & Jardin » sur les plantes bio-indicatrices.)
Tout cela vous permettra de choisir les plantes idéales pour votre potager et de déterminer les meilleurs endroits dans lesquels planter chacune d’entre elles ! Vous pourrez alors combiner ces informations avec celles apportées par les outils de compagnonnage de plantes de Tomate & Basilic !
Dans le commerce et l’économie
Imaginons maintenant que vous vouliez ouvrir un magasin de vélos dans votre ville.
Tout d’abord, vous pouvez vous renseigner sur le marché du vélo dans votre région : est-il plutôt orienté sur la vente, la location, la réparation ? Y a-t-il une saisonnalité ? Les habitants de votre ville cherchent-ils plutôt des vélos de ville ou de type VTT ? Cherchez surtout à comprendre pourquoi le marché est comme il est.
Une fois les éléments généraux déterminés, admettons que votre marché soit plutôt orienté sur la location parce que vous êtes dans une région touristique. Il convient maintenant de se renseigner sur la concurrence au sein de votre ville et de déterminer le type de vélos idéal pour vos clients. Peut être que d’autres magasins louent des vélos de balade mais qu’ils ne proposent pas de vélos électriques par exemple.
Enfin, renseignez-vous sur les détails : lieux de passages des touristes, leur budget, leurs centres d’intérêt, les personnalités clés de votre zone (maires, dirigeants d’agences touristiques, etc.)… tous les détails nécessaires pour adapter au mieux votre offre à votre clientèle et créer un réseau local.