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L’électroculture

L’électroculture au potager : une alternative aux engrais ?

De temps en temps, on voit passer un article ou une vidéo sur l’électroculture, une technique utilisée au potager comme alternative aux engrais et aux pesticides pour augmenter les rendements des plantes.

Mais c’est sujet controversé.

Alors qu’en est-il ? La fée électrique peut-elle nous sauver de l’industrie chimique ?

Un peu d’histoire

Les débuts de l’électroculture remontent au milieu du 18e siècle et font suite à une observation : après les orages, les plantes semblent croitre davantage. L’électricité n’est pas encore un phénomène bien compris mais des expériences commencent à être effectuées par des pionniers tels le Dr. Maimbray en Angleterre ou l’abbé Pierre Bertholon en France qui inventa l’électrovégétomètre en 1783.

Pendant tout le 19e siècle et le début du 20e siècle, de nombreux scientifiques se penchent sur le sujet et proposent de multiples expériences semblant mettre en évidence l’influence de l’électricité sur la croissance des plantes. En 1912, un congrès international d’électroculture est même organisé à Riems et le Ministère anglais de l’Agriculture crée un comité sur l’électroculture en 1918 !

Entre la fin des années 1800 et le début du 20e siècle, on est persuadés que l’électroculture permettra de produire des fruits et légumes géants en toute saison, sans se soucier des ravageurs.

Cependant, les résultats sont inconstants et ne génèrent pas de réelle rentabilité économique donc lorsque l’industrie chimique développe des produits phytosanitaires qui ont le mérite de produire des résultats constants, cette technique tombe peu à peu dans l’oublie.

Ainsi, jusque dans les années 80, rares sont les jardiniers utilisant l’électroculture.

Mais avec la naissance de la permaculture et de l’agriculture biologique, l’idée de cultiver sans engrais ni pesticides artificiels refait surface. C’est alors que de nouvelles études commencent à être effectuées à l’image de la thèse soutenue par Martine Queyrel à l’université de Limoge en 1984.

Cependant, l’engouement autour de l’électricité n’est plus le même qu’au siècle précédent. Les études ont des protocoles plus aboutis et soumis à moins de biais qu’auparavant.. et elles montrent des résultats intéressants mais nuancés. La nuance se situe notamment sur le type de système utilisé.

Distinction entre système actif et système passif

Pour des raisons historiques, la majorité des jardiniers utilisent des systèmes d’électroculture dits « passifs ». Ce sont des systèmes cherchant à utiliser le champs électrique naturellement présent dans le sol, dans l’atmosphère et entre les deux milieux. Ils ne sont pas reliés à une source d’énergie électrique mais peuvent générer des courants électriques faibles à proximité des plantes grâce à la différence de potentiel électrique entre le sol et l’atmosphère.

On y retrouve des systèmes tels que des boucles métalliques, des antennes ou des pyramides faites de baguettes en cuivre.

D’un autre côté, il existe des systèmes « actifs » générant un champs électrique important, à l’image des câbles électriques haute tension par exemple. Ces systèmes consomment de l’énergie mais permettent de générer de champs électriques importants, et ce sont eux eux qui sont principalement étudiés aujourd’hui.

En 2018, l’Académie des Sciences et de l’Agriculture chinoise a présenté les résultats d’une importante étude réalisée sur 3600 hectares de serres pendant 30 ans : de quoi obtenir des résultats significatifs 😊

Ils ont mis des pointes de cuivre à 3m du sol dans lesquelles la charge pouvait atteindre 50000V : cela génère un champs électrique 3 fois supérieure à la limite légale dans les foyers français (5000V/m). Avec ce système, ils estiment avoir augmenté leurs rendements de 20 à 30% et réduit l’utilisation des pesticides de 70 à 100% !

Mais où est la controverse ?

Elle a lieu au sein de la confusion entre les rendements démontré avec les systèmes actifs (à l’image de la Chine) et l’utilisation de systèmes passifs.

Beaucoup de blogs et de vidéos présentent des systèmes passifs permettant d’avoir des productions incroyables grâce à l’électroculture. Mais lorsqu’on cherche à tester ces systèmes à l’aide de protocoles éliminant au maximum les biais (qualité du sol, ensoleillement, arrosage…), les résultats ne sont pas aussi probant. Et on n’est pas toujours en mesure de savoir si l’augmentation de rendement vient de l’électroculture ou d’un autre facteur.

Le système le plus étudié, un pieux de cuivre planté dans la terre et lié à une grille verticale dans le sol servant à créer un courant près des racines pour les stimuler, présente des améliorations significatives de rendement. Mais il attire une très grande quantité de vers de terre qui améliorent la qualité du sol.

Est-ce qu’il faut attribuer à l’électroculture la présence de vers de terre ? À priori, oui. Mais la grille dans le sol pourrait protéger les vers de leur prédateurs par le simple fait qu’ils sont trop grands pour traverser la maille… Alors est-ce qu’il suffirait de planter une grille dans le sol pour améliorer ses rendements ?

Pour l’instant, la réponse n’est pas claire : il faut encore expérimenter !

La société nationale d’horticulture de France a pris position et estime que l’électroculture, avec un système passif, ne fonctionne pas. C’est également la position de l’AFIS (l’Agence Française pour l’Information Scientifique) qui indique que l’électroculture sans source électrique artificielle « ne s’inscrit dans aucun mécanisme scientifique plausible ».

Malgré tout, ce n’est pas parce que « l’électroculture passive » ne fonctionne pas que les systèmes utilisés ne permettent pas d’augmenter les rendements ! Dans notre exemple précédent, le système attire des vers de terre qui améliorent le sol, et par conséquent les cultures. Que ce soit dû ou non à un micro-courant dans le sol n’a pas vraiment d’importance pour un jardinier : l’important c’est que les plantes poussent mieux ! Et il semble bien que ce soit le cas 😉

Par contre, certains dispositifs à l’image de la « boucle de Lakhovsky » (une boucle de cuivre encerclant la plante) n’ont pas d’effets particuliers lorsqu’ils sont étudiés sérieusement, et ne reposent sur rien. Malgré tout , nombreux sont ceux qui continuent de les promouvoir. C’est dommage car cela nuit à la réputation de la technique de manière générale et contribue à limiter l’attrait des chercheurs qui pourraient étudier l’électroculture et trouver des alternatives aux produits phytosanitaires.

En résumé

En résumé, l’électroculture n’a pas fini de créer du débat dans le monde du jardinage et de l’agriculture. Si sa version active utilisant des champs électriques intenses semble démontré, les systèmes passifs utilisés par les particuliers n’ont pas encore fait leur preuve malgré quelques résultats encourageants.

Il est donc temps d’expérimenter !

Si le sujet t’intéresse, n’hésite pas à suivre les différents liens disséminés dans l’article : tu vas découvrir que l’électroculture est un champs très vaste et passionnant ! Ici, on ne fait qu’effleurer la surface de cette discipline qui mériterait d’être davantage étudiée au vu du potentiel bénéfice qu’elle peut avoir, notamment concernant l’usage (ou le non-usage) des pesticides.

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Réemployer du carton dans son jardin

Réemployer le carton au jardin

Tu viens de recevoir un colis et tu ne sais pas quoi faire du carton d’emballage ? Tu conserves des dizaines de cartons pour les réutiliser… depuis des années ? Cet article te présentant comment réemployer le carton au jardin est fait pour toi !

L’avantage du carton, c’est que c’est un produit organique qui se décompose lentement dans le sol. On peut l’utiliser de plusieurs manières, les 3 principales étant en paillage, en préparation des planches potagères et en matière sèche au compost.

L’utilisation du carton en paillage

Le carton permet d’étouffer les herbes sur lesquelles il est déposé en les privant de lumière. Ainsi, en le plaçant sur les planches potagères, il évite le développement des adventices. Puisqu’il laisse passer l’eau et qu’il pourrit et se décompose avec le temps, il amende le sol au même titre qu’un paillage en paille ou en feuilles morte.

Pour le placer, pense à le mouiller pour qu’il épouse bien la forme du sol. Tu peux ensuite ajouter de la tonte ou des feuilles afin de rendre le tout plus esthétique 😉

S’il y a régulièrement du vent sur le terrain, n’hésites pas à ajouter quelques pierres sur les cartons afin d’éviter qu’ils ne s’envolent !

L’utilisation du carton en préparation sol

Si tu souhaites préparer ton tôt dans la saison, le carton peut être un très bon allier pour construire des planches potagères très fertiles simplement !

Pour cela, commence par couper l’herbe de la zone où tu comptes créer la planche. Ensuite, il suffit de placer le carton et ajouter du compost et l’herbe coupé et hop ! Le tour est joué.

Toute la démarche est illustrée dans cette video de la chaine Le Jardin Potager du Bonheur.

L’utilisation du carton dans le compost

Pour faire un bon compost qui ne pourrisse pas, il est important d’avoir au moins autant de matière sèche (riche en carbone) que de déchets verts (riche en azote). Et le carton peut tout à fait faire office de matière sèche ! Pour l’utiliser, il faut tout de même le découper en morceaux d’une dizaine de centimètres carrés afin d’aider les vers à le digérer.

Pour simplifier la découpe, tu peux humidifier le carton. Par contre laisse le sécher avant de l’introduire dans le composteur pour éviter de générer trop d’humidité (ce qui favoriserait la pourriture).

Bien choisir son carton

Tous les cartons ne sont cependant pas utilisables au jardin. En effet, certains sont traités avec des insecticides et des fongicides pour éviter qu’ils ne se détériorent… et les introduire dans ton jardin reviendrait à introduire ces même pesticides !

Si tu ne connais pas la composition du carton (c’est souvent le cas pour les emballages de colis), fis-toi à l’origine du colis : s’il vient d’Europe, tu peux l’utiliser sans problème, s’il vient d’ailleurs il vaut mieux éviter.

De la même manière, il faut éviter les cartons contenant des encres lorsqu’on ne connait pas leur composition, surtout les encres de couleur.

Enfin, pense à retirer les agrafes et le scotch avant d’utiliser le carton : les animaux de ton jardin auront bien du mal là les digérer 🙃

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Comprendre la permaculture Français

5. Utiliser et valoriser les services et les ressources renouvelables

Principe n°5 : Utiliser et valoriser les services et les ressources renouvelables

Laisser la nature suivre son cours

Avec ce principe, la permaculture va bien plus loin que les discours classiques qu’on entend sur l’importance des énergies renouvelables dans un monde durable. La permaculture ne traite pas que de l’énergie, mais aussi des ressources et des services renouvelables. Et ça change tout !

Un service ou une ressource renouvelable ?

De la même manière que pour l’énergie, on parle de ressource (ou de service) renouvelable pour des ressources (ou des services) qui se reconstituent grâce à des processus naturels et en un temps humainement raisonnable.

Tout se joue sur la définition de « processus naturel » et « temps humainement raisonnable« .

On considère que le processus est naturel si l’homme n’a pas besoin d’intervenir dans son fonctionnement.

Par exemple, le remplissage d’un lac de montagne se fait naturellement grâce à la fonte des neiges et à la pluie, malgré la rivière qui le vide en continue et l’évaporation. C’est d’ailleurs le cas, que le lac soit naturel ou artificiel : une fois que l »Homme a construit un barrage, il n’a pas besoin d’intervenir dans le processus de remplissage du barrage.

À l’inverse, le remplissage d’une gourde n’est pas un processus naturel : elle ne va pas se remplir d’elle-même !

La limite entre temps humainement raisonnable et non-raisonnable n’est pas clairement définie mais on peut en comprendre le concept en prenant des exemples extrêmes.

Tout le monde sait que le pétrole n’est pas une ressource renouvelable. Pourtant, elle se renouvelle ! Cela prend juste quelques millions d’années … donc ce n’est pas un temps humainement raisonnable comparé à la durée de vie d’un humain, ou même d’une civilisation.

À l’inverse, le renouvellement de l’eau dans un lac de montagne se fait régulièrement selon un cycle annuel, même si le niveau du lac varie selon les saisons. Le renouvellement se fait en un temps raisonnable puisqu’il est saisonnier.

Quelques exemples de ressources

Le bois est généralement l’exemple auquel on pense quand on parle de ressource renouvelable

Plantes sauvages et adventices

Les plantes sauvages sont un bon exemple de ressources renouvelables que nous aurions intérêt à davantage utiliser et valoriser : au jardin, elles poussent que nous le voulions ou non !

Et sans regarder parmi les plantes comestibles ou directement utiles au jardin comme la menthe sauvage ou le trèfle, il est possible de valoriser chaque brin d’herbe (ou presque !).

Même le chiendent que vous combattez peut-être est intéressant : il indique un sol fatigué et compacté par des labours successifs, un excès de nitrate et de potasse et un fort contraste hydrique (le sol se gorge d’eau très rapidement mais s’assèche aussi très rapidement). Grâce à lui, vous pouvez savoir comment agir sur votre sol pour l’améliorer et lui permettre d’accueillir les plantes potagères et florales qui vous intéressent !

L’humus en forêt

En forêt, on peut considérer l’humus comme une ressource renouvelable qui est continuellement consommée et produite par l’environnement.

Les arbres et les plantes le consomment pour croitre et prospérer pendant le printemps et l’été (essentiellement) tandis qu’elles fournissent la matière première nécessaire à sa reconstitution en automne.

Quelques exemples de services

L’utilisation des chevaux de trait pour labourer un champs est un bon exemple de service renouvelable

Les poules

Des poules se baladant dans votre jardin peuvent vous rendre bien des services : régulation des populations d’insectes ravageurs, aération du sol en surface, amendement ou encore désherbage ! Et cela sans que vous n’ayez besoin de le leur demander 😊

Les plantes filtrantes

Pour prendre un exemple de service renouvelable à l’échelle d’une ville, on peut regarder du côté des stations d’épuration. En effet, il est possible de faire circuler l’eau dans des bassins où poussent des plantes filtrantes et purifiantes qui vont participer à l’assainissement des eaux usées comme elles le font dans la nature.


Le logo de ce principe est un cheval pour représenter à la fois l’utilisation et la valorisation des services renouvelables à travers l’utilisation du cheval comme animal de trait, mais aussi celle des ressources renouvelables à travers la possible consommation du cheval pour sa viande ou son lait.

La citation « Laisser la nature suivre son cours » nous rappelle que la nature finit généralement par retrouver un état d’équilibre sans intervention humaine. Pour cela, il faut accepter de laisser les processus naturels se mettre en place et patienter 🌱

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Tester son sol avec un bocal et de l’eau

Tester son sol avec un bocal et de l’eau

par Ovega

Vous avez peut-être déjà entendu parler de cette méthode d’analyse du sol qui consiste à laisser décanter de la terre de son jardin dans un bocal afin que, par gravité, on puisse déterminer la proportion de sable, de limon et d’argile de son sol.

Dans cet article, on revient sur cette méthode et sur l’analyse des résultats qui n’est pas toujours évidente, pour que vous puissiez la reproduire chez vous simplement.

La méthode

Prenez un pot en verre (ou un contenant transparent à bords lisses), de préférence plus haut que large. Remplissez-le à moitié de terre prise à 10 cm sous la surface de la zone de votre jardin que vous voulez tester, puis complétez avec de l’eau (en prenant soin de laisser un peu d’air dans le bocal).

Secouez énergiquement le pot (après l’avoir refermé 🙃) pendant 3 min afin de bien mettre toutes la particules en suspension et laissez-le reposer 30 min.

Une première décantation a dû s’opérer, amenant le sable au fond et laissant les particules plus petites de limon et d’argile en suspension. Notez approximativement la hauteur du sable puis re-secouez énergiquement pendant 3 min afin de remettre les particules en suspension, puis attendez au moins 24 h que tout se redéploie au fond.

Vous devriez voir apparaître des strates comme sur la photo suivante.

Test d’un sol de jardin dans le médoc

Au bout des 24 h, l’eau ne sera pas redevenue claire : c’est normal. Il reste des particules d’argile en suspension mais elles n’auront pas un impact significatif sur la hauteur de la couche d’argile donc on considère qu’elles sont négligeables.

L’analyse

Les sédiments

L’analyse se fait sur la hauteur des strates de sable, de limon et d’argile : c’est leur proportion qui donnera des indications sur votre sol.

Pour vous aider à voir ces strates, sachez que les grains de sable sont visibles à l’oeil nu, tandis que l’argile ne l’est pas et ressemblera à une pâte homogène dans votre pot. Le limon est plus délicat à visualiser puisqu’il se situe entre le sable et l’argile : les particules ne sont pas visibles à l’oeil nu mais la couche dans le pot pourra paraître légèrement grumeleuse.

Il s’agit d’une analyse grossière du sol donc si vous n’êtes pas très précis, ce n’est pas grave : on n’est pas à quelques millimètres de limon près !

Si vous avez une majorité de sable, votre sol est un sol drainant : il ne retient pas l’eau. L’avantage est que vous limitez les risques d’apparition de moisissure des racines, mais il faudra arroser très régulièrement (si vos plantes en ont besoin) car ces dernières n’auront pas le temps d’absorber beaucoup d’eau lors de chaque arrosage. C’est le sol idéal pour les plantes de garrigue comme le thym par exemple.

À l’inverse, si vous avez une majorité d’argile, votre sol retiendra très bien l’eau. Des flaques peuvent même se former très rapidement. Dans ce cas, les racines de vos plantes auront largement le temps d’absorber l’eau lors des arrosages ou des épisodes de pluie, mais le risque d’apparition de la pourriture des racines est grand, pour les plantes qui y sont sensibles. C’est le sol idéal pour les plantes appréciant l’humidité comme la valériane.

Les sols limoneux ont des propriétés à mi-chemin entre les sols sableux et argileux et conviennent donc à une majorité de plantes comme les tomates.

Pour aller plus loin dans l’analyse, vous pouvez utiliser le triangle des sols suivant :

Le triangle des sols

Il vous permet de donner un nom à votre sol, ce qui peut être utile pour demander des conseils sur les plantes qui s’y plairont en jardinerie. Dans le cas du test illustrant la méthode, on observe environ 10% de sable, 60% de limon et 30% d’argile. On a donc un sol « Limon argileux fin », idéal pour les plantes du potager comme les tomates, les aubergines ou les salades.

La matière organique

Les plus attentifs d’entre vous l’auront remarqué : il y a de la matière organique dans la photo illustrant la méthode. Il s’agit de matière par encore décomposée qui viendra amender le sol au fur et à mesure que la micro faune la transformera en nutriments.

Si vous en avez, c’est une bonne nouvelle : ça signifie que votre sol va continuer à s’enrichir au fil du temps !


Maintenant que vous savez comment tester la texture de votre sol et comment l’analyser, il ne vous reste plus qu’à essayer !

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Les matériaux biosourcés

Les matériaux biosourcés

Quand la nature s’invite dans le bâtiment

par Amélie Cazette

Les matériaux biosourcés sont les matériaux d’origine biologique, issus aussi bien de la flore comme le bois, que de la faune comme la laine de mouton. 

L’utilisation de ces matériaux dans le secteur de la construction ne date pas d’aujourd’hui. Depuis la Préhistoire, l’Homme utilise des matériaux issus de son environnement direct, comme le bois, pour construire son habitat. Cependant, avec l’ère industrielle et le développement de techniques de construction de masse utilisant le béton et l’acier, ces matériaux ont été relégués au second plan. 

Aujourd’hui, avec le réchauffement climatique et la nécessité de diminuer l’impact de l’homme sur son environnement, ils font leur réapparition sur les chantiers. Ils sont aussi bien utilisés comme isolants que comme matériaux de structure.

Voici un exemple de l’utilisation du bambou comme matériau de structure dans la construction d’un bâtiment en Colombie, ou de l’utilisation d’algues marines pour isoler une maison au Danemark.

Simon Velez – Structures en bambou 
Danemark – Isolation par algues marines 

On notera que les matériaux biosourcés sont généralement utilisés à proximité de leur lieu de production : l’avantage de ces matériaux réside dans leur diversité. Aussi, si vous habitez dans le Jura, isoler votre maison avec des algues sera nettement moins pertinent que de le faire avec de la sciure de bois. Comme en permaculture, il faut toujours s’adapter au contexte local afin d’utiliser les matériaux les plus intéressants.

Quels avantages ?

Ces matériaux ont deux grands avantages. 

Le premier concerne leur faible impact environnemental comparé aux matériaux de construction « classique » : 

  • Ils sont généralement renouvelables ;
  • Ils peuvent permettre de stocker du CO2 ;
  • Ils peuvent faciliter la régulation hygrothermique et diminuer les nuisances sonores causées par l’activité humaine ;
  • Ils favorisent le développement économique local et participent à la revitalisation des territoires.

Le second concerne la multitude d’utilisations possibles dans le domaine de l’architecture et de la construction :

  • Certains servent de matériaux porteurs ou de remplissage comme le bois, le bambou ou le béton de chanvre (https://fr.wikipedia.org/wiki/Brique_de_chanvre) ;
  • D’autres servent d’isolants comme la laine de bois, la paille ou le chanvre ;
  • Enfin, ils peuvent servir d’enduits comme la chaux-chanvre par exemple.

Notons que d’après l’entreprise Karibati, spécialisée dans les matériaux de construction biosourcés, il y a suffisamment de ressources dans la région Auvergne-Rhône-Alpes pour subvenir à 90 % des besoins du marché : ces matériaux sont très loin d’être négligeables ! 

Quel potentiel ?

Aujourd’hui, plus d’un tiers des émissions de CO2, de la consommation d’énergie et de la production de déchets des pays développés sont issus du secteur de la construction (d’après l’entreprise Karibati) : les enjeux sont donc énormes ! En face, bien que les matériaux biosourcés tels que la paille soient disponibles en grande quantité, il sont trop peu utilisés. Par exemple, en utilisant seulement 5 % de la paille qui est aujourd’hui retournée dans le sol, on peut isoler près de 500 000 logements français par an.


Pour en savoir plus n’hésitez pas à allez voir le site : https://www.mooc-batiment-durable.fr/ !

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Le purin d’ortie

Le purin d’ortie

Recette et utilisation d’un engrais naturel

par Ovega

Le purin d’ortie est une décoction à l’odeur putride connue par les jardiniers pour être un engrais naturel efficace grâce à sa concentration en azote, et pour posséder un caractère répulsif face aux pucerons et aux acariens. Voici comment en produire et l’utiliser.

La recette

Pour préparer 10L de purin, il vous faut :

  • 1 kg d’orties fraiches, pas encore montées en graines ;
  • 10-12 L d’eau (si c’est de l’eau de ville, laissez la décanter quelques jours avant de l’utiliser) ;
  • Un seau de plus de 15 L ;
  • Un tamis ;
  • Un couteau ;
  • Une paire de gants (pour récolter et manipuler les orties 😉).

Une fois les ingrédients et le matériel réunis, il faut :

  • Hacher les orties grossièrement avec le couteau ;
  • Mettre les orties dans le seau ;
  • Ajouter l’eau ;
  • Placer le seau dans un lieu où vous ne serez pas gêné par l’odeur, dans une remise par exemple.

Pour que la fermentation se fasse correctement, l’idéal est de maintenir la température entre 15 et 25°C. Plus vous ferez une grande quantité de purin, plus ce sera simple de maintenir la température, donc n’hésitez pas à en préparer plus que nécessaire.

Une fois cette préparation effectuée, il vous reste à remuer le purin tous les jours avec un bâton pendant quelques minutes, tant que de la mousse se forme en surface. Une fois que la mousse a disparu (après 1 à 2 semaines), la fermentation est terminée : il est temps de filtrer le purin.

Pour cela, utilisez le tamis et versez la préparation dans un bidon opaque pour conserver le purin. La conservation doit se faire dans un lieu subissant de faibles variations de températures, comme une cave si vous avez la chance d’en avoir une. Sinon utilisez le rapidement car il ne se conservera pas très longtemps.

L’utilisation

Pour une utilisation en tant qu’engrais, diluez votre purin à raison de 2 volumes pour 10 (2 L de purin pour 10 L d’eau par exemple) et arrosez vos plantes avec cette solution diluée. Riche en azote, ce purin favorise la production de feuilles avant celles des fleurs et des fruits : évitez de l’utiliser pendant la période de production des fruits et légumes de votre potager 😊

Pour une utilisation comme répulsif des pucerons ou des acariens, diluez le purin à raison de 1 volume pour 10 puis pulvérisez-le sur les feuilles des plantes à protéger. Attention, c’est un répulsif préventif, il ne fera pas disparaître les pucerons de vos plantes s’ils sont déjà installés !


Pour en savoir plus sur la production de purin et sur son utilisation, vous pouvez aller voir ce site. Vous y trouverez des conseils plus poussés que la petite recette présentée ici 😊

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La lacto-fermentation

La lacto-fermentation, une technique écologique à (re)découvrir

par Aliénor Glaizal

La fermentation lactique ou lacto-fermentation est une technique de conservation des aliments qui utilise les propriétés des bactéries (autrement dit des ferments) lactiques présents naturellement sur les feuilles et les racines des légumes. En gros, c’est avec ça que l’on fabrique la choucroute.

Ces ferments vont, une fois le légume mis dans le récipient de fermentation à l’abri de l’air, utiliser les sucres disponibles pour produire l’énergie qui servira à leur reproduction. Donc, s’ils sont assez nombreux au départ et si les légumes sont assez riches en sucres, ils vont se multiplier et progressivement coloniser tout le milieu. Ce faisant, ils produisent de l’acide lactique et de la vitamine C qui vont assurer la qualité sanitaire de la conserve en faisant baisser le pH, ce qui rend le produit inhospitalier pour la plupart des autres micro-organismes et évite la colonisation par des pathogènes.

Autrefois, on considérait que cette technique de conservation reposait sur l’utilisation du sel, ce qui explique la teneur en sel extrêmement élevée de certaines recettes traditionnelles de choucroute ou de conserves de haricots. En réalité une faible quantité de sel suffit (1 % du poids des légumes) car il sert surtout à éviter que des moisissures ne s’installent dans le légume pendant que les ferments lactiques prennent connaissance de leur milieu avant de s’y reproduire.

La lacto-fermentation présente de nombreux avantages :

  • Elle n’utilise pas de ressources énergétiques : pas de cuisson, pas de stérilisation du matériel ni des conserves, pas de réfrigération ni de congélation. C’est donc une méthode écologique, sans compter les économies de temps et d’argent qu’elle permet !
  • Elle met en valeur les légumes cultivés dans des sols vivants, puisqu’elle tire parti des bactéries lactiques qui s’y trouvent et y colonisent les légumes.
  • Elle enrichit notre flore intestinale et nous rend moins sensibles aux maladies tout en nous offrant un meilleur confort digestif. Les ferments lactiques sont en effet des probiotiques naturels.
  • C’est une formidable opportunité de diversification alimentaire car elle nous ouvre tout un nouveau monde de saveurs… 😋
  • Enfin, elle nous permet de réduire le nombre de passages en magasin et de disposer de légumes au top de leur apport nutritionnel et faciles à accommoder en cuisine.

En nous rendant plus autonomes sur nos apports alimentaires et compétents dans la création d’écosystèmes vertueux, elle nous aide à assurer les conditions de notre bonne santé.

Une recette pour finir ?

Salade de betteraves quasi-prête à l’emploi

Pour cette recette, vous aurez besoin de :

  • 1,5 kg de betteraves rouges bio fraîchement récoltées si possible ;
  • Du gros sel gris non raffiné ;
  • 1 cuillerée à soupe de graines de fenouil ;
  • 4 gousses d’ail ;
  • 2 L d’eau de source ou d’eau du robinet déchlorée (bouillie puis refroidie, ou filtrée, ou mise à évaporer quelques heures).

Voici les différentes étapes à suivre :

  1. Retirez la peau du collet des betteraves (elle est grise, dure et un peu amère) mais laissez celle, toute fine, du bas des légumes (celle qui est en terre) ; retirez aussi les parties abîmées et les radicelles.
  2. Dépoussiérez rapidement les betteraves dans 1 L d’eau de source ou d’eau déchlorée.
  3. Taillez-les en petits dés, en bâtonnets, ou en tranches très fines.
  4. Pesez les betteraves taillées et ajoutez 1 % de leur poids en sel (10 g de sel pour 1 kg de légumes par exemple). Brassez rapidement.
  5. Ajoutez les graines de fenouil et les gousses d’ail épluchées et coupées en deux.
  6. Mettez le tout dans un bocal type Le Parfait pour stérilisation avec joint en caoutchouc et ajoutez de l’eau jusqu’au bord.
  7. Fermez le bocal en vérifiant que rien n’empêche l’étanchéité (comme une graine de fenouil posée sur le rebord 😉). Posez-le dans une assiette creuse car il va déborder !
  8. Laissez travailler à température ambiante pendant 4 à 6 mois selon la température de la pièce et la taille des morceaux. Il est possible de remiser le bocal dans une pièce plus fraîche au bout d’une semaine. A la fin, les betteraves doivent avoir la consistance de betteraves « cuites mais pas trop » et le goût du cru a disparu.
  9. Dégustez-les arrosées d’huile de noix, avec du persil, ou intégrez-les dans une salade de lentilles.

Besoin d’infos, de conseils, envie d’apprendre en groupe ?

Contactez-moi via le site www.alienor-lacto.fr

Bonnes expériences !

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Systèmes d’Echange Locaux

Les Systèmes d’Échange Locaux

Réinvestir du lien social au coeur de nos échanges commerciaux

par Ovega

Au sein d’une société toujours plus mondialisée et standardisée, certains ont choisi de remettre le lien social au cœur de leurs échanges marchands : ils ont alors créé les SEL, les Systèmes d’Échange Locaux.

On peut définir les SEL comme des micro-systèmes économiques évoluant à l’intérieur du système économique de la société, dans lesquels on cherche à rendre les transactions marchandes plus justes et plus équitables. Ils sont formés d’une communauté qui s’échange des services et des biens à l’aide d’une monnaie locale ou d’une monnaie-temps.

Une monnaie-temps est une monnaie qui ne se base non pas sur la valeur du service ou du bien mais sur le temps nécessaire à la fabrication du bien ou à la réalisation du service. Les utilisateurs de monnaie-temps estiment que chaque heure de la vie d’un homme vaut celle d’un autre, et qu’on ne peut juger de la valeur d’un objet ou d’un service qu’à travers cet indicateur. On peut y voir la version philosophique du film Time Out d’Andrew Niccol.

Un peu d’Histoire

Historiquement, on fait remonter le premier SEL de France au mois d’octobre 1994 avec la création d’un SEL en Ariège suite à la conférence du membre d’un SEL britannique. Dans les pays anglosaxons, les SEL ou LETS (Local Exchange Trading Systems) existent depuis la fin des années 70 au Canada et depuis les années 80 aux États-Unis, en Angleterre ou encore en Australie. Mais si on cherche vraiment à remonter à l’origine des SEL, il faut mentionner l’expérience de Wörgl.

Elle est détaillée dans l’article sur les monnaies locales, mais pour résumer rapidement, il s’agit d’une expérience de mise en service d’une monnaie locale dans la petite ville de Wörgl en Autriche pendant la crise des années 30. Le maire de l’époque avait décidé de créer une monnaie locale afin d’accélérer les échanges au sein de la ville et de diminuer le chômage. 

Aujourd’hui, il existe plus de 800 SEL en France et bien que tous soient différents, ils s’accordent sur certaines valeurs en signant la charte des SEL. Elle permet de donner un cadre moral et juridique à l’existence de ces systèmes et facilite la création et la définition des SEL.

Caractériser un SEL

À la base des SEL, on retrouve la volonté de recréer du lien social entre les acheteurs et les vendeurs. Pour cela, ils s’inscrivent dans un contexte local bien défini, souvent au sein de villes ou de communautés de communes afin de maintenir un nombre relativement faible de membres (quelques centaines de personnes tout au plus).

Ce lien social doit permettre de faire se rencontrer des personnes de tous horizons et de tous milieux afin que de nouvelles idées émergent. C’est sur cette base commune que chaque SEL se construit indépendamment des autres.

Certains sont des lieux de débats qui permettent à de nouvelles initiatives d’émerger, tandis que d’autres proscrivent toutes idées politiques afin de maintenir la cohésion au sein de la communauté. Dans certains cas, les SEL permettent également à des personnes sans emploi ou isolées de retrouver du lien social et de se réinsérer dans la société. Au sein de la communauté, elles se sentent utiles et valorisées et c’est parfois suffisant pour prendre un nouveau départ. 

Puisque ce sont des laboratoires sociaux, il existe autant de manières de concevoir un SEL que de SEL. C’est pourquoi ils sont devenus des sujets d’étude idéaux pour les sociologues : ils peuvent réaliser les expériences qu’ils veulent facilement et les membres des SEL sont généralement très ouverts à de nouvelles manières de concevoir la société économique. Il n’y a qu’à voir : entre la monnaie fondante et la monnaie-temps, il existe tout un patchwork de manières de monnayer les échanges. Certains essaient même de ne pas monnayer les échanges en se basant uniquement sur la bonne volonté de la communauté !

Critiques

La principale critique qui est faite à ces systèmes est d’ordre légale : il est facile de faire de l’évasion fiscale et du travail dissimulé lorsqu’il n’y a aucune facture et que la monnaie utilisée pour l’échange n’est pas celle de l’État. Pour pallier à ça, certains SEL recommandent à leurs adhérents de ne pas utiliser leur profession au sein du SEL (un garagiste ne peut pas réparer la voiture d’un membre). Cependant, pour d’autres, l’intérêt du SEL est de mettre en commun les compétences des membres et ce serait dommage de se priver des compétences que l’on développe à travers son travail. Le sujet est toujours en débat, et c’est aussi cet aspect qui caractérise les SEL.

Pour conclure

Finalement, pour bien définir un SEL, il suffit d’imaginer un système économique utopique où les échanges se font sans accrocs et sans-arrières pensées : comme toute utopie, elle ne sera jamais atteinte mais un SEL cherchera toujours à évoluer vers ce que ses fondateurs et membres estiment être le système économique idéal.

Pour avoir plus d’informations sur les SEL de France :

Pour aller plus loin dans la caractérisation d’un SEL et dans les critiques qui leur sont faites, c’est par ici :

Laacher, S. (2002). Les systèmes d’échange local (SEL) : entre utopie politique et réalisme économique. Mouvements, 1(1), 81-87. https://doi.org/10.3917/mouv.019.0081

Richard Lauraire, « Les systèmes d’échanges locaux et la valeur », Journal des anthropologues [En ligne], 90-91 | 2002, mis en ligne le 03 novembre 2010, consulté le 17 mars 2021. URL : http://journals.openedition.org/jda/2263

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Français Soins apportés à la nature et à la terre

Aquaculture Multitrophique Intégrée

Conception d’écosystèmes marins : l’Aquaculture Multitrophique Intégrée

Une méthode de conception d’écosystèmes pour produire poissons, algues et coquillages en s’inspirant de la nature

par Ovega

Poissons, crustacés, coquillages et même algues : nous consommons toujours plus de produits issus de la mer. Afin d’éviter la surpêche, l’aquaculture intensive s’est fortement développée depuis 50 ans. En 2016 plus de la moitié des produits marins étaient issus de cette méthode de production. A-t-on ainsi réglé les problèmes de surpêche ? En partie seulement, et bien que nous ayons réussi à diminuer les problèmes de surpêche, d’autres problèmes sont apparus : destruction des habitats, diminution de la qualité de l’eau, disparition des mangroves…

Ces problèmes viennent de la pression exercée par l’aquaculture sur le milieu : la concentration d’une espèce génère des déchets que l’environnement n’est pas capable d’assimiler. Concrètement, lorsque des poissons sont nourris, leurs déjections tombent sur le plancher marin et se dissolvent dans l’eau. Dans la nature, les coquillages nettoient le plancher marin et les algues consomment les éléments dissous. Dans l’aquaculture intensive, il y a trop de déjections et la qualité de l’environnement finit par se dégrader.

C’est là que l’aquaculture multitrophique intégrée apparaît. Derrière ce nom barbare se cache une méthode de production bien connue des permaculteurs : la reproduction d’un écosystème avec des espèces complémentaires. Au lieu de laisser l’environnement se débrouiller seul pour traiter les déjections, on vient l’aider en ajoutant des coquillages et des crustacés sous les poissons afin qu’ils consomment le trop-plein de matière organique. Pour traiter les matières dissoutes, on ajoute des algues qui s’en nourrissent autour des poissons. On recrée ainsi le fonctionnement d’un écosystème équilibré normal dans lequel la nourriture des uns sont les déchets des autres !

Voici un exemple d’écosystème envisagé et étudié à l’Institut Paul Ricard. L’aquaculteur nourrit les poissons dont les déjections nourrissent en partie des oursins et des moules. Les vers marins absorbent les petites particules organiques que les oursins et les moules laissent passer et les algues consomment la partie inorganique des déjections de tous les animaux de l’écosystème. De cette manière, l’Institut arrive à maintenir et stabiliser la qualité de l’eau dans le temps.

Schéma d’un écosystème étudié à l’Institut Paul Ricard.

En pratique, l’entreprise Symbiomer en Bretagne utilise ces concepts avec des truites, des coquilles Saint-Jacques et des algues qu’ils produisent à destination de l’industrie cosmétique. Ils ont pu démontrer que leur modèle de production était durable écologiquement mais aussi économiquement ! Tout est expliqué dans cette vidéo 👇

Comme le précisent les dirigeants de Symbiomer, il est préférable de concevoir les écosystèmes avec des espèces locales afin de réduire les risques d’augmentation de la pression sur l’environnement qui a lieu lorsqu’une espèce en culture parvient à s’échapper. C’est pour cela que de nombreuses recherches sont en cours, notamment au Canada, afin de concevoir des écosystèmes centrés autour des poissons les plus consommés comme le saumon ou la truite en n’employant que des espèces endémiques à une région donnée. Cela permet de réduire les risques d’introduire une nouvelle espèce dans un environnement stabilisé en réduisant le nombre d’ « espèces étrangères » employées. 


Cet exemple nous montre que les principes de la permaculture peuvent s’appliquer dans des domaines très différents du jardin ou du maraîchage. L’aquaculture multitrophique intégrée répond aux principes d’observation de la nature, de création de production, de valorisation des déchets, d’intégration des éléments en faveur des synergies et d’accroissement de la biodiversité, le tout en s’inspirant de la nature ! Même si un aquaculteur ne se réclame pas de la permaculture, on peut voir que les liens avec ce mouvement sont nombreux.

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Comprendre la permaculture Français

1. Observer et interagir

Principe de conception #1 Observer et interagir

La beauté est dans les yeux de celui qui regarde

par Ovega

Cette série d’articles étudie plus en détail les 12 principes de la permaculture selon David Holmgren.

La permaculture permet de concevoir des systèmes qui influencent la nature sans la combattre, qui s’appuient sur elle sans chercher à la dominer. Tout l’intérêt et la difficulté de la conception de systèmes permaculturels résident dans cet astucieux équilibre qu’il faut trouver.

Pour le trouver, la première étape est déjà de comprendre en profondeur l’environnement dans lequel doit s’inscrire le système. Cette étape s’articule autour de deux points clés : l’observation de la nature et l’interaction avec elle. L’observation permet de comprendre comment fonctionne globalement l’environnement et l’interaction permet d’aller plus loin en déterminant les mécanismes sous-jacents qui régissent le milieu.

3 échelles d’observation

L’observation a lieu sur plusieurs niveaux et à différentes échelles de temps. À chaque échelle, il convient de se poser des questions adaptées à ses objectifs.

Les éléments généraux et environnants. L’objectif est de comprendre le contexte dans lequel s’inscrit le système, son environnement. Si vous lancez un potager, analysez votre climat, l’ensoleillement, l’activité agricole environnante. Si vous lancez un commerce, interrogez-vous sur le tissu socio-économique local, les autres commerces déjà existants autour de vous. Cette échelle vous permettra d’avoir une vision d’ensemble du milieu dans lequel vous allez créer votre système.

Viennent ensuite les éléments spécifiques au système. Pour un jardin, on y trouvera les types de sol, l’intensité et les couloirs du vent, ou encore les zones d’ombrage et les points d’eau. C’est la deuxième échelle : elle se concentre sur le système pour en obtenir les caractéristiques générales.

Enfin, il est nécessaire d’observer les détails du système et de son environnement, comme les plantes qui poussent naturellement sur votre terrain (qui serviront de plantes bio-indicatrices), la faune qui s’installe naturellement, l’évolution de la pluviométrie au cours de mois, etc. À ce niveau, toute information est bonne à prendre car c’est en interagissant avec ces éléments que vous comprendrez quelles fonctions ils remplissent et comment ils la remplissent. Une observation attentive est nécessaire afin de détecter des systèmes naturels qui pourront vous inspirer :

« Certains systèmes réellement efficaces fonctionnent si bien qu’on ne les remarque pas. C’est le cas des services environnementaux gratuits, comme la purification de l’air et de l’eau, la réhabilitation des sols et de toutes les solutions conceptuelles efficaces qui passent inaperçues jusqu’à ce qu’elles ne fonctionnent plus faute d’avoir été correctement utilisées.« 

David Holmgren

Fort de ces connaissances, vous pourrez alors concevoir votre système en ajoutant des éléments qui rempliront de nouvelles fonctions, en modifiant certains éléments pour qu’ils soient plus efficaces et en laissant ceux qu’il ne faut pas toucher afin de préserver la stabilité globale.

L’icône du premier principe représente une personne qui devient arbre : lors de l’observation de la nature, il est important d’adopter des points de vue variés !

Quelques exemples

Au jardin

Imaginons que vous souhaitiez commencer un potager pour avoir quelques légumes à récolter pendant l’été.

Dans un premier temps, vous pouvez identifier le climat de votre région afin de savoir globalement quels types de plantes vont s’y épanouir. Par exemple, si vous êtes en montagne, peut être que les tomates auront du mal à pousser si elles ne sont pas protégées du froid pendant la nuit. De la même manière, il peut être intéressant de savoir si d’autres personnes autour de vous ont un potager pour vous aider à choisir les espèces de plantes adaptées à votre environnement. Cherchez également des artisans semainiers pour trouver des semences paysannes et locales.

Ensuite, vous pouvez identifier les différentes zones de votre terrain : celles où il y a de l’ombre, celles ou il y a du vent, les zones un peu surélevées, le type de sol associé… autant d’éléments qui vous permettront de choisir où planter vos différents légumes. Certains apprécient l’ombre, d’autres ne poussent que dans un sol riche et humifère, et quelques uns ont besoin d’un sol sec afin de ne pas pourrir (les oignons pour ne citer qu’eux).

Enfin, observez dans le détail votre jardin et votre environnement. Si des pucerons sont présents dans vos rosiers, il sera pertinent de choisir des plantes qui n’y sont pas sensibles dans un premier temps. Si vous voyez quelques abeilles n’hésitez pas à semer quelques plantes mellifères, elles seront ravies et vous assurerez la pollinisation de vos légumes. Les plantes bio-indicatrices peuvent être d’une grande utilité à ce stade : observez quelles sont les plantes qui poussent naturellement et sans intervention sur votre sol, elles vous donneront des informations sur le sol ! (Un article sera publié dans la section « Potager & Jardin » sur les plantes bio-indicatrices.)

Tout cela vous permettra de choisir les plantes idéales pour votre potager et de déterminer les meilleurs endroits dans lesquels planter chacune d’entre elles ! Vous pourrez alors combiner ces informations avec celles apportées par les outils de compagnonnage de plantes de Tomate & Basilic !

Dans le commerce et l’économie

Imaginons maintenant que vous vouliez ouvrir un magasin de vélos dans votre ville.

Tout d’abord, vous pouvez vous renseigner sur le marché du vélo dans votre région : est-il plutôt orienté sur la vente, la location, la réparation ? Y a-t-il une saisonnalité ? Les habitants de votre ville cherchent-ils plutôt des vélos de ville ou de type VTT ? Cherchez surtout à comprendre pourquoi le marché est comme il est.

Une fois les éléments généraux déterminés, admettons que votre marché soit plutôt orienté sur la location parce que vous êtes dans une région touristique. Il convient maintenant de se renseigner sur la concurrence au sein de votre ville et de déterminer le type de vélos idéal pour vos clients. Peut être que d’autres magasins louent des vélos de balade mais qu’ils ne proposent pas de vélos électriques par exemple.

Enfin, renseignez-vous sur les détails : lieux de passages des touristes, leur budget, leurs centres d’intérêt, les personnalités clés de votre zone (maires, dirigeants d’agences touristiques, etc.)… tous les détails nécessaires pour adapter au mieux votre offre à votre clientèle et créer un réseau local.