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Comprendre la permaculture

S’adapter aux animaux en permaculture

S’adapter aux animaux en permaculture

Les animaux sont essentiels au jardin, surtout s’il est en permaculture

par Ovega

Nous souhaitons tous avoir des abeilles dans notre potager ou pouvoir repousser les attaques de pucerons sans pesticides. Les animaux font partie intégrante de nos jardins : tantôt nuisibles, tantôt amis, nous vous proposons ici une approche alignée sur les principes de la permaculture.

Accepter la présence des animaux

C’est la première étape pour se placer dans une bonne démarche de permaculture. Tous les insectes, rongeurs, oiseaux et autres animaux font partie de l’écosystème de votre jardin. Lutter contre eux, c’est lutter contre la nature : vous avez perdu d’avance.

Apprenez donc à redevenir amis avec la biodiversité de votre territoire. Acceptez que des pucerons vivent dans vos rosiers, que des limaces rampent entre vos laitues. C’est bien grâce à l’ensemble de ces être vivants, qui constituent l’écosystème dans sa globalité, que vos récoltes sont possibles. Acceptez alors qu’ils prennent leur part de la production et partagez avec eux le fruit de ce travail collectif.

À cet effet, nous vous recommandons de toujours placer en bordure de votre potager ou jardin des plantes appréciées par les « ravageurs  » locaux. Elles leur serviront de goûter et les maintiendront à l’écart de vos plantes. Il vous faudra pour cela appliquer le premier principe de la permaculture (« Observer et Interagir ») afin de comprendre quels sont les animaux présents sur votre territoire, et tester différentes plantes qu’ils apprécient pour trouver le meilleur équilibre.

La présence de pucerons, si elle est maîtrisée, est une opportunité pour les coccinelles et les fourmis.

Pour autant, certains animaux peuvent se montrer particulièrement gourmands ou envahissants et votre objectif n’est pas de travailler uniquement pour nourrir les insectes de votre jardin. Voici quelques méthodes de conception qui se basent sur les plantes et leurs interactions avec les animaux pour mettre en place une protection naturelle.

Se débarrasser d’un ravageur avec les plantes

De nombreuses plantes peuvent attirer ou repousser certains animaux avec divers degrés d’intensité. Logiquement, les animaux qui consomment une plante vont être attirés par son odeur tandis que d’autres végétaux, toxiques pour eux, ont tendance à les éloigner. Le compagnonnage de plantes permet de jouer sur ces phénomènes pour choisir d’attirer ou de repousser des animaux ciblés.

Pour se débarrasser d’un ravageur, trois stratégies existent :

  • Planter des espèces qui repoussent naturellement le ravageur ;
  • Planter des espèces qui attirent ses prédateurs ;
  • Planter des espèces en bordure du jardin qui attirent fortement le ravageur en question.
Les chenilles, malgré leur beauté, ont donné du fil à retordre à plus d’un jardinier !
Muraille répulsive

La première méthode est la plus directe : plantez des plantes qui éloignent le ravageur en question pour qu’il préfère aller voir ailleurs. Nombre de plantes ont des propriétés (notamment leur odeur) qui perturbent les pistes olfactives des animaux ou qui les repoussent naturellement : autant s’en servir. Pour trouver des plantes répulsives, consultez la liste des animaux de l’application depuis la page d’accueil : vous trouverez pour chaque animal la liste des plantes connues qui les repoussent. Les aromatiques, grâce à leur forte odeur sont très efficaces dans ce domaine.

Bien que cette méthode soit utile pour maintenir les ravageurs éloignés de vos plants, elle n’est pas infaillible et surtout elle est difficile à mettre en place une fois qu’ils sont déjà installés.

Attirer des soldats

La seconde méthode correspond à la force défensive du jardin : il ne s’agit pas de repousser le ravageur mais d’attirer ses prédateurs pour contre-attaquer. Cette méthode peut être efficace si votre jardin est régulièrement envahi par un ravageur particulier, malgré la mise en place de plantes barrières.

On peut noter par exemple le tabac qui libère des phéromones attirant des coccinelles lorsque ses feuilles sont mangées par des pucerons : merveilleux exemple de symbiose ! Ajouter un pied de tabac permet alors à votre jardin de se défendre si les barrières olfactives n’ont pas suffit à détourner les pucerons.

Le grand sacrifice

La troisième et dernière méthode que nous présentons consiste à sacrifier des plantes pour détourner l’attention du ravageur de celles que vous souhaitez protéger. En plantant en bordure du jardin une plante qui attire fortement le ravageur, il se concentrera en priorité sur cette dernière et délaissera les autres. Lorsque la plante sacrificielle est infestée, il suffit alors de l’arracher et de s’en débarrasser pour réduire la pression sur l’ensemble du jardin.

Un exemple connu est celui de la capucine : les pucerons raffolent de cette fleur. Plantez-en en bordure de vos potagers ou jardins et elles serviront d’aimants à pucerons, protégeant ainsi leurs voisines ! Mais dans ce cas ne vous attachez pas trop à vos capucines…

Sur l’application, les plantes attirant très fortement les ravageurs sont mises en valeur par la mention « Peut servir de plante sacrificielle » ou « Forte attraction ».

Si vous avez recours aux plantes sacrificielles, nous vous recommandons de placer également des pièges naturels au même endroit pour éviter que le ravageur ne se reproduise trop vite ! Par exemple une demi-bouteille avec un fond de bière pour les limaces.

Maximiser la biodiversité

La stratégie ultime de protection que le compagnonnage de plantes peut apporter est une combinaison de ces trois stratégies : votre jardin devient alors extrêmement robuste et peut se défendre contre une multitude de ravageurs, tout en laissant les autres animaux prospérer librement (contrairement aux pesticides).

Cette stratégie repose sur la présence de plusieurs plantes différentes et s’appuie donc directement sur le 10ème principe de conception de la permaculture : « Utiliser et valoriser la biodiversité ».

Attirer un animal avec les plantes

Vous pouvez avoir envie d’attirer certains animaux pour améliorer votre production ou simplement pour augmenter la biodiversité de votre jardin. C’est notamment les cas des abeilles, très efficaces dans la pollinisation des fleurs.

Là encore, l’utilisation des plantes peut s’avérer très efficace ! Rendez-vous dans la fiche de l’animal que vous voulez attirer, choisissez une ou plusieurs plantes qui l’attirent et plantez-les.

Assurez-vous également que vous n’avez pas déjà planté des espèces qui le repoussent. Si c’est le cas, tentez de compenser par l’organisation spatiale de votre jardin, en créant des zones distinctes, ou en jouant sur la quantité de l’une ou l’autre des plantes.

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4. Appliquer l’autorégulation et accepter les rétroactions

Principe n°4 : Appliquer l’autorégulation et accepter les rétroactions

Les fautes des pères rejailliront sur les enfants jusqu’à la septième génération !

Bien comprendre ce principe, c’est déjà bien en comprendre le titre.

Pour cela, mettons-nous d’accord : une action s’applique toujours à un système et correspond à tout ce qui produit un effet sur ce système. Planter des tomates ou ramasser les oeufs d’une poule sont des actions qui augmentent ou diminuent la quantité de matière du système « jardin ». Observer son terrain pour déterminer comment optimiser son espace n’est donc pas une action car il n’y a pas d’effet produit sur le jardin.

Une rétroaction est une action dont les effets encouragent ou découragent cette action à se réaliser de nouveau. Par exemple, la menthe se développe en rhizomes : ses racines courent sous la surface du sol et de temps en temps, une racine perce la surface et forme un nouveau pied de menthe. Planter un pied de menthe dans votre jardin encourage votre jardin à produire de plus en plus de pieds menthe, et ce, simplement à partir de l’action de départ. C’est une rétroaction positive : plus il y a de pieds de menthe, plus il y a de pieds de menthe.

Si l’effet décourage l’action de se réaliser de nouveau, on parle de rétroaction négative : l’absorption des nutriments par la menthe au fil du temps fait diminuer la quantité de ces nutriments dans le sol ce qui complique leur absorption et la ralentit. Plus il y a de pieds de menthe, plus ils absorbent de nutriments ce qui fait diminuer leur quantité et donc moins il y a de pieds de menthe.

L’auto-régulation apparaît lorsqu’il y a un équilibre entre les rétroactions positives et négatives (lorsque la régénération du sol est suffisante pour maintenir un nombre stable de pieds de menthe). C’est le « Saint-Graal » du permaculteur : cela signifie que le système s’entretien lui-même et son concepteur n’a qu’à venir récolter ce dont il a besoin de temps en temps, sans avoir besoin de mener de sévères et fatigantes actions correctives. 

Si les rétroaction positives font croître le système, les négatives permettent de prévenir les pénuries en limitant la croissance du système au-delà de ce qu’il peut supporter. Il ne faut donc pas en avoir peur, elles sont nécessaires pour la survie du système et n’empêchent pas son évolution. 

Appliquer ce principe au jardin

Le rôle du permaculteur est d’anticiper les rétroactions de sorte à en atténuer les effets non désirés (en prélevant régulièrement des pieds de menthe par exemple) mais il doit garder à l’esprit que des aléas peuvent survenir et tout perturber : il doit donc concevoir un système résilient, capable de s’adapter à de nouvelles conditions. Cela se fait souvent en implémentant des éléments autonomes et de la diversité dans le système : il est illusoire de vouloir se prémunir de tous les imprévus, mieux vaut prendre les dispositions nécessaires pour y faire face. C’est ce que permet la polyculture par exemple : si une année, un ravageur décime une variété de plantes, d’autres seront présentes et résisteront.

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3. Créer une Production

Principe n°3 : Créer une production

On ne peut pas travailler le ventre vide

Le deuxième principe de conception traite de la collecte et du stockage de l’énergie d’un système. Mais pour appliquer ce principe, encore faut-il que le système produise de l’énergie et / ou des ressources !

Cette production est primordiale dans la conception d’un système en permaculture, mais il faut bien distinguer la production utile du reste. La production est dite utile quand elle est réellement utilisée, par vous ou par le système. Par exemple, une pomme produite par votre jardin n’est utile que si vous la mangez, la compostez ou que vous en faites un utilisation qui bénéficiera à votre système. Si vous la jetez aux ordures, elle ne sera pas utile car elle n’aura rien apporté à personne.

Notons que la notion de production est assez large pour englober aussi bien les fruits d’un jardin que la récupération de l’énergie solaire ou encore les connaissances acquises en construisant une forêt nourricière. Laissez parlez votre imagination et votre créativité pour voir une production là où d’autres ne voient rien ! Vérifiez ensuite qu’elle soit utile.

Que ce soit dans la nature ou dans la société, les systèmes qui génèrent une grande production sont ceux qui se développent et se propagent le mieux. Une entreprise qui ne produit rien est vouée à la faillite. Les écosystèmes avec une forte production comme les forêts ont une plus grande biodiversité que les déserts (qui produisent peu) ce qui les rend plus riches et leur permet un développement plus rapide.

Il y aura toujours un peu de compétition dans la consommation de la production, la partie mordue du logo est là pour rappeler ce point essentiel.

Le troisième principe couvre également la consommation de cette production pour entretenir le système et vous entretenir vous-mêmes. Comme le dit le proverbe, « On ne peut pas travailler le ventre vide« . Il est donc complémentaire du précédent (Collecter et Stocker l’Energie) : les combiner ensemble est une histoire d’équilibre entre ce dont on a besoin aujourd’hui pour vivre et ce que l’on peut garder pour demain.

Cet équilibre n’est possible qu’en ayant bien observé l’environnement dans lequel le système s’inscrit (1er principe : Observer son Environnement). Le tout peut être illustré par le fonctionnement d’une ruche : pendant le printemps et l’été, les abeilles collectent du nectar et du pollen. Une partie de ces ressources est utilisée pour nourrir directement toutes les abeilles de la ruche et l’autre partie est stockée sous forme de miel afin de passer l’hiver. Si même les abeilles se mettent à la permaculture …

La méthode

La méthode d’application de ce principe peut se décomposer en 3 points :

  1. Établir une liste de ce que le système produit
  2. Définir comment employer cette production afin de la rendre utile
  3. Déterminer ce qu’il faut prélever du système pour notre consommation personnelle

Dresser la liste de ce qui est produit dans un système est primordial pour ne pas passer à côté d’une ressource intéressante. La production peut prendre de multiples formes et il est impossible d’être exhaustif dans toute ce que produit un système, cependant plus cette liste sera complète, plus le système sera efficace et utile.

Imaginer des moyens d’employer de manière utile cette production peut là aussi être complexe et prendre du temps. Il faut être créatif pour employer ces ressources à bon escient et ce n’est qu’en faisant cet effort que le système gagnera en efficacité et prendra toute son ampleur.

Application à un centre équestre

Dans un centre équestre, on peut voir plusieurs formes de production : une production de connaissances transmises aux cavaliers, une production de lien social entre les cavaliers, une source de revenus pour le moniteur, une autre de crottins ou encore de prestige… Pas besoin de dresser une liste exhaustive pour comprendre que tous ces produits doivent êtres pris en compte pour déterminer l’efficacité du système.

Viens ensuite la réflexion autour de l’utilité de chaque production. La production de connaissances peut être employée à donner confiance aux cavaliers, à les divertir ou a leur donner un autonomie pour se déplacer à cheval. Le lien social produit peut permettre de créer des amitiés, des bons souvenirs, des coopérations futures. Enfin, le crottin peut être utilisé pour créer du fumier, à réutiliser directement dans le centre équestre idéalement, ou dans une exploitation agricole voisine.

La réflexion autour de la portion de production à prélever et celle qu’il faut stocker ne concerne évidemment que les productions matérielles pour lesquelles il y a compétition (le prestige ou le lien social n’en font pas partie). Il faut alors que le gestionnaire du centre équestre analyse ses besoins financiers sur une année pour répartir le produit financier entre les dépenses et l’épargne. Ensuite il pourra estimer les besoins en fumier autour de lui afin de savoir s’il doit tout stocker pour être autonome dans son potager, ou s’il peut re-distribuer du surplus selon le troisième principe éthique : partager équitablement.

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2.Collecter et Stocker l’énergie

Principe n°2 : Collecter et Stocker l’énergie

Faites les foins tant qu’il fait beau

par Ovega

Nous bénéficions actuellement d’une grande quantité d’énergie utilisable grâce à l’exploitation des ressources fossiles (pétrole, charbon…). Deux choix s’offrent alors à nous : dépenser cette énergie au gré de nos désirs de court-terme ou l’utiliser dans le but de construire quelque chose de durable dans le long terme.

La permaculture, vous vous en doutez, opte pour la deuxième option. Cette formidable puissance de création que nous offrent les énergies fossiles peut et doit nous permettre de construire des systèmes qui sont capables de s’en passer ensuite pour durer dans le temps. Comme un système ne peut pas fonctionner sans que de l’énergie y circule, il faut être capable de collecter l’énergie produite en excès et de la stocker afin de pouvoir la réutiliser lorsque le système en a besoin. De cette manière, une fois construit, le système peut évoluer en quasi-autonomie sans avoir besoin d’énergie fossile.

Ce principe de collecte et de stockage de l’énergie et des ressources peut se décomposer en 5 idées :

  • Optimiser le système pour limiter les dépenses d’énergie inutiles ;
  • Collecter l’énergie au plus près de sa source d’émission afin de réduire les pertes inhérentes au processus de collecte ;
  • Diversifier les sources pour être résilient en cas de pénurie ;
  • Stocker efficacement et avec des moyens adaptés pour réduire les pertes ;
  • Être créatifs pour trouver des sources d’énergies et les collecter : si l’énergie circule dans tout le système, il devrait être possible de la récupérer à n’importe quelle étape et sur n’importe quel élément.

Les termes d’énergie et de ressources sont à prendre au sens large. Elles varient en fonction du système que vous voulez créer. Pour un potager on envisagera la terre, le compost, les nutriments, l’eau ou encore les semences. Pour la boutique d’un artisan, il s’agira de son savoir-faire, ses matières premières, son énergie et celle de ses employés éventuels, sa trésorerie, etc. Avant de concevoir votre méthode de gestion de l’énergie et des ressources, faites une cartographie de celles dont vous aurez besoin dans votre système.

L’une des expressions de ce principe est qu’il est légitime d’employer des solutions peu coûteuses basées sur les énergies fossiles dans l’objectif de reconstruire un capital naturel pérenne. De même, la permaculture ne renie pas la technologie et l’innovation, elle veut cependant y apporter un esprit critique dans la mesure ou la technologie, présentée en tant que solution à un problème, peut être un « Cheval de Troie » contenant un nouveau lot de problèmes. Tout en restant attentifs aux choix technologiques que nous faisons, il faut exploiter notre capacité d’innovation moderne, alimentée par les énergies fossiles, afin de préparer une descente énergétique.

L’énergie du soleil stockée en bouteille : en attendant qu’un tel exploit soit possible, ce logo nous invite à tenter d’innover dans nos méthodes de stockage.

Quelques exemples

Au jardin

Pour démarrer un jardin potager, il faut préparer le terrain et acheter des graines. Il faut donc aller chercher ce matériel avec un véhicule qui fonctionne avec de l’énergie fossile, ce matériel étant lui-même certainement produit grâce à cette énergie. Bref, vous consommez de l’énergie non-renouvelable.

Mais si vous gérez bien ce potager, en choisissant des graines reproductibles, en semant ce qu’il faut, où il faut et quand il faut pour que le sol reste riche et adapté à vos cultures, alors vous n’avez plus (ou en tous cas moins) besoin de travailler le sol. Vous n’avez donc plus besoin de prendre votre véhicule pour que ce potager perdure puisque vous avez déjà vos graines. Le système devient ainsi autonome. Pour cela, vous avez eu besoin de collecter et de stocker les graines lorsque vous aviez un excès de production pour les semer au moment adéquat afin de recommencer un cycle de production.

Appliquons les 5 grandes idées :

  • Optimiser le système se traduit par le fait de créer un potager adapté à vos besoins.
  • La collecte près des sources d’émission se réfère à la collecte des graines directement dans le potager (et pas dans le magasin situé à 10 km).
  • La diversité des sources trouve un écho dans la diversité des plantes du potager. Si des doryphores ont ravagé vos pommes de terre, vous pourrez toujours consommer des choux.
  • Pour le stockage efficace, il faut prendre en compte le fait que pour être semées, les graines ont besoin d’être conservées dans de bonnes conditions, dans un lieu adapté. Généralement, des boîtes entreposées dans un lieu sombre, sec et sans grande variation de température est idéal. Ensuite il faut également penser le stockage des aliments : la lacto-fermentation par exemple est une technique culinaire permettant de stocker des aliments sans consommer d’énergie !
Dans la conception d’un logement

Lorsque l’on construit ou qu’on rénove un logement, la question de l’énergie se pose rapidement. Que ce soit pour le chauffage, la cuisine ou le matériel électroménager, choisir quelles sources d’énergies sont adaptées tout en essayant de réduire l’impact carbone de l’installation n’est pas chose aisée. Pour vous aider, vous pouvez utiliser ce principe de conception.

La première étape consiste à lister les points d’entrée potentiels de l’énergie dans votre habitat et les éléments qui l’utilisent. Il y a bien sûr l’électricité via le raccordement au réseau mais la géothermie ou l’énergie solaire sont aussi des sources d’énergie disponibles, il suffit d’équiper votre installation pour qu’elle puisse les utiliser.

Une fois cette liste effectuée, vous pouvez optimiser les flux d’énergie : la géothermie peut servir pour votre chauffage en maintenant le circuit d’eau à 15°C toute l’année, l’électricité ne servant qu’à gagner les quelques degrés manquant pour une température idéale. L’énergie solaire peut également permettre de chauffer le ballon d’eau chaude.

La collecte de l’énergie intervient, par exemple, lors de la collecte de la chaleur de la terre dans le cas de la géothermie en utilisant un circuit d’eau qui passe dans la terre avant de venir dans votre habitat.

La diversité des sources d’énergie parait assez évidente dans la mesure où l’électricité n’est pas la seule source d’énergie présente. Notons qu’en cas de coupure de courant après une tempête par exemple, utiliser des sources d’énergie directement collectées autour de votre habitat permet de conserver un minimum de flux (en l’occurence le chauffage).

Le stockage de l’énergie peut s’envisager sur plusieurs postes : ballon d’eau chaude, isolation thermique afin d’éviter les pertes, récupération du bois mort pour le chauffage au bois, etc.

Enfin, soyez créatifs pour trouver comment tirer parti des sources d’énergie à votre disposition comme le vent ou le soleil. Étendre son linge dehors au lieu de le mettre au sèche-linge est un exemple de bon sens qui permet pourtant d’économiser 350 KWh par an (selon l’ADEME, dans un rapport publié en 2017), soit 50 € environ avec le tarif de l’énergie français en septembre 2020.

L’application de ce principe lors de la conception d’un habitat permet de ne pas partir bille en tête vers le tout électrique via le réseau général et de trouver d’autres sources d’énergie accessibles qui réduiront la facture énergétique et rendront l’habitat plus résilient.

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1. Observer et interagir

Principe de conception #1 Observer et interagir

La beauté est dans les yeux de celui qui regarde

par Ovega

Cette série d’articles étudie plus en détail les 12 principes de la permaculture selon David Holmgren.

La permaculture permet de concevoir des systèmes qui influencent la nature sans la combattre, qui s’appuient sur elle sans chercher à la dominer. Tout l’intérêt et la difficulté de la conception de systèmes permaculturels résident dans cet astucieux équilibre qu’il faut trouver.

Pour le trouver, la première étape est déjà de comprendre en profondeur l’environnement dans lequel doit s’inscrire le système. Cette étape s’articule autour de deux points clés : l’observation de la nature et l’interaction avec elle. L’observation permet de comprendre comment fonctionne globalement l’environnement et l’interaction permet d’aller plus loin en déterminant les mécanismes sous-jacents qui régissent le milieu.

3 échelles d’observation

L’observation a lieu sur plusieurs niveaux et à différentes échelles de temps. À chaque échelle, il convient de se poser des questions adaptées à ses objectifs.

Les éléments généraux et environnants. L’objectif est de comprendre le contexte dans lequel s’inscrit le système, son environnement. Si vous lancez un potager, analysez votre climat, l’ensoleillement, l’activité agricole environnante. Si vous lancez un commerce, interrogez-vous sur le tissu socio-économique local, les autres commerces déjà existants autour de vous. Cette échelle vous permettra d’avoir une vision d’ensemble du milieu dans lequel vous allez créer votre système.

Viennent ensuite les éléments spécifiques au système. Pour un jardin, on y trouvera les types de sol, l’intensité et les couloirs du vent, ou encore les zones d’ombrage et les points d’eau. C’est la deuxième échelle : elle se concentre sur le système pour en obtenir les caractéristiques générales.

Enfin, il est nécessaire d’observer les détails du système et de son environnement, comme les plantes qui poussent naturellement sur votre terrain (qui serviront de plantes bio-indicatrices), la faune qui s’installe naturellement, l’évolution de la pluviométrie au cours de mois, etc. À ce niveau, toute information est bonne à prendre car c’est en interagissant avec ces éléments que vous comprendrez quelles fonctions ils remplissent et comment ils la remplissent. Une observation attentive est nécessaire afin de détecter des systèmes naturels qui pourront vous inspirer :

« Certains systèmes réellement efficaces fonctionnent si bien qu’on ne les remarque pas. C’est le cas des services environnementaux gratuits, comme la purification de l’air et de l’eau, la réhabilitation des sols et de toutes les solutions conceptuelles efficaces qui passent inaperçues jusqu’à ce qu’elles ne fonctionnent plus faute d’avoir été correctement utilisées.« 

David Holmgren

Fort de ces connaissances, vous pourrez alors concevoir votre système en ajoutant des éléments qui rempliront de nouvelles fonctions, en modifiant certains éléments pour qu’ils soient plus efficaces et en laissant ceux qu’il ne faut pas toucher afin de préserver la stabilité globale.

L’icône du premier principe représente une personne qui devient arbre : lors de l’observation de la nature, il est important d’adopter des points de vue variés !

Quelques exemples

Au jardin

Imaginons que vous souhaitiez commencer un potager pour avoir quelques légumes à récolter pendant l’été.

Dans un premier temps, vous pouvez identifier le climat de votre région afin de savoir globalement quels types de plantes vont s’y épanouir. Par exemple, si vous êtes en montagne, peut être que les tomates auront du mal à pousser si elles ne sont pas protégées du froid pendant la nuit. De la même manière, il peut être intéressant de savoir si d’autres personnes autour de vous ont un potager pour vous aider à choisir les espèces de plantes adaptées à votre environnement. Cherchez également des artisans semainiers pour trouver des semences paysannes et locales.

Ensuite, vous pouvez identifier les différentes zones de votre terrain : celles où il y a de l’ombre, celles ou il y a du vent, les zones un peu surélevées, le type de sol associé… autant d’éléments qui vous permettront de choisir où planter vos différents légumes. Certains apprécient l’ombre, d’autres ne poussent que dans un sol riche et humifère, et quelques uns ont besoin d’un sol sec afin de ne pas pourrir (les oignons pour ne citer qu’eux).

Enfin, observez dans le détail votre jardin et votre environnement. Si des pucerons sont présents dans vos rosiers, il sera pertinent de choisir des plantes qui n’y sont pas sensibles dans un premier temps. Si vous voyez quelques abeilles n’hésitez pas à semer quelques plantes mellifères, elles seront ravies et vous assurerez la pollinisation de vos légumes. Les plantes bio-indicatrices peuvent être d’une grande utilité à ce stade : observez quelles sont les plantes qui poussent naturellement et sans intervention sur votre sol, elles vous donneront des informations sur le sol ! (Un article sera publié dans la section « Potager & Jardin » sur les plantes bio-indicatrices.)

Tout cela vous permettra de choisir les plantes idéales pour votre potager et de déterminer les meilleurs endroits dans lesquels planter chacune d’entre elles ! Vous pourrez alors combiner ces informations avec celles apportées par les outils de compagnonnage de plantes de Tomate & Basilic !

Dans le commerce et l’économie

Imaginons maintenant que vous vouliez ouvrir un magasin de vélos dans votre ville.

Tout d’abord, vous pouvez vous renseigner sur le marché du vélo dans votre région : est-il plutôt orienté sur la vente, la location, la réparation ? Y a-t-il une saisonnalité ? Les habitants de votre ville cherchent-ils plutôt des vélos de ville ou de type VTT ? Cherchez surtout à comprendre pourquoi le marché est comme il est.

Une fois les éléments généraux déterminés, admettons que votre marché soit plutôt orienté sur la location parce que vous êtes dans une région touristique. Il convient maintenant de se renseigner sur la concurrence au sein de votre ville et de déterminer le type de vélos idéal pour vos clients. Peut être que d’autres magasins louent des vélos de balade mais qu’ils ne proposent pas de vélos électriques par exemple.

Enfin, renseignez-vous sur les détails : lieux de passages des touristes, leur budget, leurs centres d’intérêt, les personnalités clés de votre zone (maires, dirigeants d’agences touristiques, etc.)… tous les détails nécessaires pour adapter au mieux votre offre à votre clientèle et créer un réseau local.